Le musc en parfumerie, un ingrédient essentiel – Histoire et utilisation

Les matières premières à parfum

Les matières premières utilisées dans la parfumerie proviennent d’origines diverses. Parfois animales, parfois végétales et enfin synthétiques. Mais certaines nous surprennent plus que d’autres en raison de leur provenance inattendue. C’est le cas d’un ingrédient très présent dans les parfums grâce à sa capacité fascinante à délivrer deux facettes qui font la joie des parfumeurs. Le musc, ces petits grains bruns à l’odeur extrêmement forte libèrent une sensualité inouïe après transformation, et jouent un rôle essentiel dans la persistance des parfums sur la peau. Découvrez la valeur du musc en parfumerie à travers cet article.

Le musc, une matière première animale sensuelle

L’origine et la nature du musc

Le musc, du latin muscus, est une matière animale fortement odorante sécrétée sous une forme liquide par les glandes abdominales d’un cerf connu sous le nom de chevrotain porte-musc. Durant la période de reproduction qui se tient entre décembre et janvier, le mâle, voulant attirer les femelles et marquer son territoire, produit cette matière si précieuse à l’odeur très bestiale.

Contenue dans une poche poilue de couleur brune (celle-ci est appelée poche à musc et contient en moyenne 25 grammes de musc), il conserve sa texture mielleuse et sa couleur brune rougeâtre jusqu’à ce qu’il soit exposé à l’air, ou il sèche et développe sa couleur brune noirâtre. Ces petits grains sont ensuite transformés par de l’alcool afin qu’ils libèrent tout leur côté sensuel et leur parfum séducteur.

Le chevrotain porte-musc, un animal en voie d’extinction

Tout ce qui est de valeur est convoité, mais tout ce qui est convoité massivement pourrait disparaître irréversiblement. Ce petit animal à l’origine du musc n’échappe pas à la règle. Vivant dans les pays asiatiques de Chine, de Sibérie, d’Afghanistan, de Tibet et dans les hauteurs de l’Himalaya, le chevrotain porte-musc est victime de son propre succès !

Une photo des montagnes de l'Himalaya
Les hauteurs de l’Himalaya, la terre favorite des chevrotains porte-musc

Celui-ci est apparu sur terre il y a près de 30 millions d’années, et fut confronté à une chasse excessive dès la découverte de sa petite poche en or, ce qui a fait baisser drastiquement sa population. Celle-ci était établie à 3 millions d’individus au milieu du 20ème siècle, et a chuté à près de 250 000 en 1990.

Les chasseurs, ne faisant pas la différence entre le mâle (seul producteur du musc) et la femelle, le petit ou le grand, en attrapent plusieurs avant d’arriver au bon. Mais heureusement, la chasse au chevrotain porte-musc a été prohibée dès le début des années 1970 et l’espèce est relativement protégée malgré la persistance de la chasse illégale.

L’histoire et l’utilisation du musc dans la parfumerie

Le musc et son usage en médecine

Avant de connaître un succès imminent dans la parfumerie, il faut savoir que le musc a fait ses preuves dans la médecine traditionnelle asiatique depuis sa découverte par les chinois, les indiens. Dès le 4ème siècle, ces derniers ont fait appel à lui pour lutter contre certaines maladies cardiovasculaires. C’est pour cela que l’utilisation du musc reste très répandue dans les pays asiatiques. La demande totale est estimée à près de 2 tonnes par an, et les chinois en sont les premiers demandeurs.

Le musc naturel dans la parfumerie

En parfumerie, le musc naturel est l’un des anciens bijoux odorants convoités par les artisans des odeurs. Immédiatement après son utilisation en médecine, il fit son introduction dans le monde des flacons chez les indiens et les chinois, ses premiers producteurs. Les musulmans arrivent ensuite au 8ème siècle pour confirmer son succès et faire de lui l’une des matières premières les plus prisées de la parfumerie orientale, jusqu’au 13ème siècle.

Il est à noter que plusieurs types de musc existent et se distinguent par leur qualité, mais le meilleur par la puissance de ses odeurs est le musc Tonkin, qui est extrait des cerfs porte-musc vivant dans les hauteurs de l’Himalaya.

L’introduction du musc naturel dans les parfums occidentaux

Son introduction en Europe a légèrement tardé et ne s’est faite qu’au 12ème siècle. Mais son usage à des fins médicinales n’a pas fait grand bruit en Occident par rapport à ses bienfaits pour la parfumerie et le monde du cosmétique.

Ainsi, il réussit à séduire les parfumeurs occidentaux par sa touche animale extrêmement odorante. Ces derniers le transformaient avec de l’alcool et d’autres substances pour en faire une note de fond sensuelle, boisée fortement résistante. Il représentait aussi un fixateur de parfums qui conservait longuement la tenue des essences sur la peau.

Aujourd’hui, le musc naturel n’est plus utilisé en parfumerie. Effectivement, par souci d’éthique et afin de préserver la nature et l’écosystème, cet ingrédient est interdit dans l’industrie du parfum depuis quelques décennies, comme la majorité des notes animales naturelles. De plus, le musc naturel demeure très onéreux et peut dépasser les 100 000 euros le kilogramme. Et pour combler le tout, les trafiquants le falsifient avec des matières moins coûteuses qui rendent sa qualité médiocre.

La découverte des muscs de synthèse, une alternative idéale au musc naturel

Pour toutes ces raisons-là, les chimistes ont décidé au 19ème siècle de mener une aventure excitante à la recherche d’une alternative synthétique au musc naturel.

C’est en 1888 que la première substance chimique à l’odeur musquée fut découverte par le chercheur allemand Albert Baur. Durant ses expériences sur des produits explosifs, il s’aperçut par hasard que l’une des substances qu’il préparait dégageait une senteur semblable à celle du musc Tonkin. Il réalisa, quelques années plus tard, plusieurs variations de cette molécule pour concrétiser les premiers muscs de synthèse utilisés en parfumerie dits : muscs nitrés.

Ces derniers ont connu un grand usage juste après leur apparition. Ils étaient présents dans de nombreux parfums de l’époque avant leur interdiction en raison de leur toxicité, un siècle après.

Les muscs de synthèse utilisés actuellement en parfumerie

Les recherches se sont poursuivies et un autre chimiste allemand réussit à isoler en 1906 la molécule la plus odorante du musc, complètement structurée en 1926 : la Muscone. Il ouvrit ainsi le champ pour la découverte et la synthétisation d’autres types de musc dits macrocycliques à la fin des années 1920, qui sont plus proches de l’odeur naturelle du musc

Et pour finir, les muscs polycycliques à la touche fleurie et fruitée font leur apparition au début des années 1950 pour constituer avec les macrocycliques, les muscs synthétiques les plus utilisés dans la parfumerie. Ces alternatives sont appelées “muscs blancs”, afin de les différencier du musc naturel.

L’odeur du musc : des notes olfactives chaudes et intenses

Le musc et les parfums masculins

Si les odeurs musquées sont très présentes dans les parfums, c’est parce qu’elles sont d’un sublime paradoxe olfactif qui réunit à la fois la ténacité et la sensualité. Celles-ci étaient tellement frappantes qu’on interdisait à l’époque de transporter du musc dans les bateaux chargés de thé.

Ainsi, les notes olfactives du musc peuvent renvoyer vers des terrains de virilité assez agressifs qui reflètent son côté bestial, masculin et séducteur. Ces notes boisées et imposantes ont fusionné de la meilleure des manières avec les fragrances masculines légères qui cherchaient à se renforcer d’un fond plein de charisme. Cette imitation olfactive de l’odeur du musc naturel n’est autre qu’un magnifique hommage à son égard. Ces senteurs sont très présentes dans les parfums orientaux, connus pour leur caractère olfactif puissant.

Le musc et les parfums féminins

En parallèle les muscs blancs cachent aussi une facette parfaitement douce, à l’odeur florale et fruitée qui a connu un essor à partir des années 1990. Celle-ci nous rappelle la tendresse d’une peau de bébé par sa senteur innocente. Des scientifiques ont démontré la présence de traces de musc dans le lait maternel humain, ce qui explique peut-être pourquoi son odeur est si désirable autant par les hommes et les femmes. En effet, si le musc était initialement réservé aux parfums masculins, les femmes profitent désormais de ses notes suaves, chaudes et féminines, qui offrent un vaste champ de plaisir olfactif.

Le musc en parfumerie : une matière qui ne connait pas de frontières

Ce qui fait la particularité du musc et de ses odeurs c’est cette capacité à s’associer aisément avec toutes les familles olfactives. C’est l’une des matières premières de la parfumerie qui a su s’adapter à toutes les cultures du monde. Se faisant sensuelle, elle s’est joliment faufilée dans les fragrances orientales et occidentales, pour nous procurer un énorme confort sensoriel. Ainsi, les parfums qui reposent sur un fond de musc connaissent une tonalité olfactive voluptueuse, une longue tenue sur la peau et un sillage plus prolongé.

Musc Vanille, un parfum au musc, chaud et subtil

Arrêtez-vous une seconde et prenez un long souffle…Dans ce petit instant de silence, nous voudrions tous nous retrouver au bord d’une plage ravissante remplie de petits coquillages aux couleurs estivales…Ce sable chatouillant nous accueille chaleureusement, et ces petites vagues au bruit apaisant nous donnent envie d’y rester pour longtemps…Les effluves des arbres tropicales nous comblent le nez, et les cris de joie nous donnent ce sourire de passionné…Une scène sensationnelle qui ne peut qu’être aimée, profitez d’elle en la rendant plus belle avec notre parfum choisi pour la sublimer

Le musc en parfumerie, une matière première de qualité.


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