La fabrication du parfum : les méthodes d’extraction des matières premières odorantes

la parfumerie en général

La fabrication du parfum, un art et une profession.

Il existe environ 1000 matières premières naturelles utilisées en parfumerie. Celles-ci trouvent leurs origines chez les feuilles de plantes, les fleurs, les fruits et les arbres. Mais ces matières doivent passer par des procédés plus ou moins complexes avant d’extraire leurs molécules odorantes et les utiliser comme ingrédients dans les parfums. Découvrons à travers cet article, les principes de la fabrication du parfum, et les différents procédés qui nous permettent d’obtenir les molécules odorantes à partir des matières naturelles. 

La fabrication du parfum, un art avant d’être une profession 

Les parfumeurs, autrement appelés les “nez”, perçoivent leur métier comme un art particulier. Celui-ci s’intéresse aux plaisirs recherchés par notre olfaction. Ainsi, ils se promènent dans un jardin d’odeurs à la recherche d’inspiration pour leur nouvelle création. 

Les artisans des fragrances ont à leur disposition environ 1000 matières premières naturelles et un peu plus de 500 matières synthétiques ou chimiques. Ces dernières existent pour remplacer ce que la nature produit à un prix extrêmement cher et inaccessible, ou comme matières premières uniques que la nature ne produit pas du tout. 

Les parfumeurs sélectionnent ensuite mille matières premières favorites pour constituer leur orgue à parfum. Celui-ci est un meuble professionnel ayant une forme de demi-cercle destiné à ranger les flacons des matières premières préférées ou nécessaires des parfumeurs. Les essais de mélange se succèdent ensuite par le “nez” pour enchainer une nouvelle aventure fascinante à la recherche de la combinaison parfaite.

Les méthodes d’extraction des matières premières en parfumerie

Avant que les parfumeurs aient accès aux ingrédients nécessaires à la création de leurs fragrances, divers procédés d’extraction de matières premières à parfum ont lieu. Certains sont très anciens et d’autres sont plus récents. Certains s’utilisent pour obtenir les absolus, d’autres pour obtenir les huiles essentielles. 

Les procédés d’extraction des absolus pour les parfums 

Il existe deux principaux procédés pour l’extraction des absolus en parfumerie.

L’enfleurage en parfumerie, une méthode d’extraction traditionnelle délaissée

L’enfleurage est le plus ancien procédé d’extraction de matières premières odorantes qui existe. Il consiste à faire absorber par une matière grasse, les molécules parfumées contenues dans les fleurs. Ces graisses peuvent être des huiles d’olive ou d’amande, ou des graisses animales épurées. Au cours du 18ème siècle, la pratique de l’enfleurage s’est généralisée à Grasse en France

Une photo illustrant une dizaine de fleurs de rose chacune à coté de l'autre.
Une photo illustrative des fleurs de rose utilisées en parfumerie.

Il existe deux méthodes différentes d’enfleurage mais qui ont le même principe. On distingue l’enfleurage à chaud de l’enfleurage à froid selon la résistance de la matière à la chaleur. 

  • L’enfleurage à chaud :  La plus ancienne des deux méthodes, elle consiste à macérer les fleurs dans des graisses fondues ou des huiles. Ces dernières sont chauffées afin qu’elles s’imprègnent des molécules odorantes des fleurs. Une fois l’opération terminée, on filtrait les corps gras à travers des tissus. La matière parfumée qui en ressort est dite “pommade florale”. Elle est ensuite lavée avec de l’alcool et séparée de son corps gras pour devenir un extrait concentré en parfum appelé l’absolu.
  • L’enfleurage à froid : Cette méthode s’est développée à Grasse, la capitale du parfum, durant le milieu du 18ème siècle. Elle consiste à mettre les fleurs odoriférantes en contact avec une graisse inodore, cette fois-ci froide. La graisse absorbe ainsi, les molécules parfumées des fleurs et sera ensuite mise à la fonte pour obtenir la pommade florale. Cette dernière va être filtrée de la même manière que dans l’enfleurage à chaud, pour se présenter comme un absolu. Cette deuxième méthode a été créée pour extraire les molécules odorantes des fleurs fragiles qui ne résistent pas à la chaleur comme le jasmin.

Par ailleurs, et grâce aux progrès technologiques, cette méthode d’extraction n’est quasiment plus utilisée en parfumerie aujourd’hui.

L’extraction par solvant volatil en parfumerie

Cette méthode d’extraction a été développée durant le 19ème siècle et reste, à nos jours, la plus utilisée pour l’obtention des absolus. Ces derniers sont nécessaires à la fabrication du parfum.

En principe, elle consiste à tremper les matières ayant des molécules odorantes, comme les pétales de la rose, dans un grand cuve contenant un solvant, généralement l’hexane car celui-ci est connu pour sa volatilité. Plusieurs lavages s’effectuent ensuite, afin d’extraire le maximum de molécules odorantes possibles. Une fois cette étape terminée, le solvant se fait évaporer et on obtient matière à la texture pâteuse dite la concrète. 

La concrète est lavée à l’alcool afin de la débarrasser des impuretés qu’elle contient. Celles-ci peuvent être des cires ou d’autres matières gênantes. Une fois le lavage à l’alcool terminé, celui-ci s’évapore, et la matière restante est un concentré de parfum qu’est l’absolu.

Voici une vidéo explicative pour mieux comprendre la manière dont les fleurs de rose sont traitées en parfumerie.

Les procédés d’extraction de l’huile essentielle en parfumerie 

Avec les absolus, les huiles essentielles sont les matières premières qui s’utilisent le plus en parfumerie. Il existe deux principaux procédés d’extraction des huiles essentielles en parfumerie. 

La distillation en parfumerie, un procédé d’extraction ancestral 

La distillation par entraînement à la vapeur d’eau est la méthode d’extraction la plus utilisée pour l’obtention des huiles essentielles en parfumerie. Ce procédé existe depuis plusieurs siècles et fut introduit en Europe par les arabes vers le 10ème siècle. 

La distillation consiste à mettre les matières premières naturelles comme les fleurs, dans un alambic, soit directement, soit sur des étagères trouées afin d’éviter que les fleurs s’écrasent. Une vapeur d’eau est ensuite injectée, généralement grâce à une chaudière, afin d’entraîner les molécules odorantes contenues dans les fleurs en passant à travers celles-ci. La vapeur montera ensuite dans le col de l’alambic et sera refroidie dans une colonne de refroidissement (un serpentin mis dans une cuve contenant de l’eau froide) afin de retrouver l’état liquide de l’eau. 

Ce qui s’obtient est un mélange d’huile essentielle et d’eau qu’il faudra séparer. Cette opération est relativement simple. L’huile essentielle étant insoluble dans l’eau, car plus dense, se retrouve naturellement en dessus de celle-ci, et sera séparée à l’aide d’un décanteur. L’eau restante en dessous de l’huile essentielle est légèrement parfumée, c’est pour cela qu’on l’appelle l’eau florale.

L’hydrodistillation en parfumerie

L’hydrodistillation est un procédé d’extraction qui existe depuis l’antiquité. Son utilisation peut être mise en lien avec la production de l’eau de rose dans le royaume Perse, qui a commencé depuis environ 2000 ans. 

Le principe de l’hydrodistillation ressemble à un point près à la distillation. La seule différence réside dans le fait qu’au lieu de mettre les matières premières à extraire dans un alambic vide ou des étagères de l’alambic, celui-ci sera cette fois rempli d’eau. Le mot “Hydro” vient d’ailleurs du grecque qui signifie “eau”. Ainsi, les fleurs de rose, par exemple, sont trempées dans un alambic rempli d’eau et sera chauffée jusqu’à ébullition. La vapeur qui en ressort contiendra toutes les molécules odorantes de la rose et sera ensuite refroidie dans le serpentin de l’alambic afin de retrouver son état liquide et obtenir l’huile essentielle et l’eau florale.

L’expression à froid en parfumerie, un procédé exclusif aux agrumes

La méthode d’extraction d’huile essentielle par expression à froid a commencé durant le 19ème siècle en Italie. Cette technique s’est développée pour permettre d’extraire les huiles essentielles des agrumes comme la bergamote ou l’orange, pour qui la distillation ne fonctionne pas. 

En effet, les huiles essentielles d’agrumes sont contenues sur leur peau, plus précisément dans leurs écorces. Vous pouvez facilement apercevoir les petits trous sur la peau des agrumes qui sont en réalité une sorte de poches à huile essentielle. Ainsi, les agrumes sont mis dans de grandes machines qui vont rapper ou presser leur peau afin d’extraire toute leur essence. L’essence étant entrainée par de l’eau est ensuite filtrée afin d’en garder que l’huile essentielle de l’agrume en question.

Dans quelques cas rares, l’agrume entier est pressé ! Ceci permet d’obtenir l’huile essentielle et le jus du fruit. Ils seront ensuite séparés à l’aide d’une centrifugeuse.

L’extraction au CO2 supercritique en parfumerie

L’extraction au CO2 supercritique est une nouvelle technologie marginalement utilisée en parfumerie pour ses coûts élevés. Elle consiste en pratique à utiliser le dioxyde de carbone comme solvant afin d’extraire les molécules odorantes des matières premières naturelles. 

Dans la nature, il existe trois états de matière que tout le monde connaît : le gazeux, le liquide et le solide. L’état supercritique est le quatrième état sous lequel un fluide pourrait se présenter. Celui-ci est, selon les chimistes, un pseudo-état de la matière qui se situe entre le liquide et le gazeux. 

On obtient le CO2 supercritique grâce à des machines qui le maintiennent sous une très haute pression et à des températures basses. Le CO2 passe à travers la matière première et entraîne toutes ses molécules parfumées dans un séparateur. On effectuera, ensuite, une décompression afin de séparer le CO2 de l’extrait. Le CO2 retrouve ainsi son état gazeux et pourra être réutilisé. 

Voici une vidéo explicative, qui vous permettra de mieux comprendre, grâce aux schémas, toutes les méthodes d’extraction des matières premières en parfumerie. 

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